Focus sur le compostage autonome en établissement

19/12/2023 | Biodéchets Collectivités Compost Compostage en établissement Gaspillage alimentaire Gestion de proximité Gros producteurs Maître composteur Référent de site

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À l'approche de 2024, les établissements scolaires, médicaux, et autres campings sont de plus en plus demandeurs d'une solution de compostage in situ.
Le compostage autonome en établissement qui consiste à trier et valoriser ses biodéchets sur place est tout à fait adapté à ces types d'établissements. Présentation !

Avantages

Ils sont multiples !
• Le premier est écologique : il permet de détourner de grandes quantités de biodéchets des OMR (Ordures Ménagères Résiduelles) et œuvre donc à la réduction des déchets. Par ailleurs, il n’y a aucun transport de matière et ainsi beaucoup moins de GES (gaz à effet de serre) générés. Enfin, le compost produit évite d’acheter du terreau, souvent constitué de tourbes extraites dans les zones humides, qui ont un rôle essentiel dans notre environnement.

• C’est le mode de traitement des biodéchets le plus économique : après un accompagnement par un professionnel (maître composteur), l’établissement internalise la gestion de ses biodéchets. Par ailleurs, avec la réduction des OMR, les économies peuvent être conséquentes notamment pour les établissements assujettis à la redevance spéciale. Enfin, ce sont des économies réalisées sur l’achat de terreau.

• Il crée un engagement qui fait sens : organiser le compostage autonome en établissement nécessite d’impliquer différentes équipes ou services (direction, cuisine, espaces verts, gestionnaire, etc.) travaillant de concert à la réussite du projet. Par ailleurs, il fait souvent partie d’un projet plus global (gaspillage alimentaire, autres flux de déchets, etc.).

• Il facilite l’obtention d’un label : éco-école, E3D, lycées en transition pour les établissements scolaires ou clé verte pour les hébergements touristiques ou les restaurants. À défaut de label, l’image de l’établissement n'en sera que plus verte-ueuse.

• Enfin, il est un support de choix pour des animations pédagogiques et sensibilisations sur la réduction des déchets.

La réglementation

La circulaire du 13 décembre 2012 sur le compostage de proximité encadre les installations de compostage autonome en établissement. L’arrêté du 9 avril 2018 fixant les dispositions techniques concernant l’utilisation des sous-produits animaux (SPA), a modifié ou précisé certains points de cette circulaire.
En résumé :
• La quantité maximale de déchets de cuisine et de table produite et traitée sur place ne doit pas dépasser une tonne par semaine.
• La structure responsable (collectivité, bailleur, copropriété, association…) doit être précisément identifiée.
• Une supervision doit être assurée par une organisation compétente qui désigne un ou une maître-composteur·e dûment formé·e à cet effet, susceptible d’intervenir en cas de dysfonctionnement.
• Un·e ou plusieurs référent·es et responsables formé·es selon le référentiel de la gestion de proximité des biodéchets doivent être chargé·es du suivi et de la surveillance du site.
• Un registre doit être tenu, comportant la date et les conditions de réalisation des principales opérations : retournements, vidage, récupération du compost.
• Une signalétique indiquant les références des responsables, les consignes de dépôt, de brassage et la liste des déchets acceptés et refusés est obligatoire.
• Une réserve de matière carbonée doit être présente sur l’aire de compostage (broyat de bois par exemple).
• L’usage du compost est normalement réservé à l’établissement qui l’a produit. Il peut également être cédé à un tiers gratuitement ou par cession onéreuse, mais seulement pour une utilisation locale (dans l’intercommunalité et les communes limitrophes d’après l’arrêté). L’utilisation en maraîchage est limitée aux légumes racines. Quant à l’utilisation du compost de proximité sur des pâturages ou des terres destinées à la production de plantes fourragères destinées à l’alimentation animale, elle est interdite.

Le gaspillage alimentaire

On ne peut pas parler de compostage autonome en établissement sans évoquer la lutte contre le gaspillage alimentaire, qui est le préalable à ce type de projet.
Ce sujet a été largement traité ces derniers mois que ce soit au travers d’un article, d’outils recensés ou de la journée mondiale. On se référera aussi au dernier webinaire ou à la journée technique.

Les clés de la réussite

S’il y avait une chose à retenir : LA clé de la réussite est le facteur humain. De la volonté de la direction à l’implication des équipes dans le temps, dépendent la réussite et la pérennité du projet.
Le reste n’est constitué que de solutions techniques répondant à des problématiques connues : l’emplacement, le matériel et son dimensionnement, la matière sèche.
La formation des référents·es de site est aussi essentielle pour assurer la pérennité de ces projets.

Les formations

Différentes formations existent pour accompagner l’installation de sites autonomes.
Les formations guide ou maître-composteur·e permettent d’accompagner les établissements à mettre en place le compostage autonome.
La formation référent·e de site permet de former les personnes en charge du compostage, une fois celui-ci mis en place dans les établissements.
Enfin, la formation gaspillage alimentaire permettra de réduire les quantités à composter.
Retrouvez toutes ces formations dans l’agenda.

Les ressources

Outre les formations, le RCCO offre une mine d’informations avec notamment des supports (signalétique, outils pédagogiques, etc.) dans la médiathèque et des fiches dédiées :
aux campings ;
aux restaurants ;
aux commerces alimentaires ;
aux hébergements touristiques ;
à la petite restauration collective.

L’ADEME fournit aussi de multiples supports, par exemple un guide méthodologique ou bien des retours d’expérience sur OPTGEDE .

Un exemple : le lycée de Lunel

La dernière journée technique a eu lieu dans ce lycée où sont compostés les restes de repas de 900 convives !
Retour sur ce projet avec les principaux acteur·ices.

Interview de Florent Busson, gestionnaire du lycée

Comment est né ce projet ?
Il est né de la convergence des objectifs du lycée fortement engagé dans le développement durable et de la communautés de communes qui a des objectifs de réduction des déchets sur son territoire. Florent Busson, gestionnaire du lycée, insiste sur ce point : les lycées dépendent de la région et il est intéressant de sortir de ce fonctionnement en silo et rencontrer d’autres acteur·ices.

Parlons financement et économies !
Le pavillon de compostage a été financé par la Région et l’ADEME.
L’accompagnement, sans lequel un projet de ce type ne pourrait aboutir, a été fait par les services de la communautés de communes du Pays de Lunel et notamment par un maître-composteur.
Les économies générées (réduction des OMR) sont d’environ 2000 € par an, soit plus de 20% du montant total sur les déchets.

Quels sont les projets pédagogiques en lien ?
Le lycée a un CAP Production et service en restauration, qui dispose d’un petit restaurant et qui, bien sûr, composte les biodéchets issus de la filière.
Par ailleurs, les éco-délégués sont sensibilisés tous les ans au compostage via une petite visite du pavillon de compostage.

Cette initiative a t'elle facilité l'obtention de labels ?
Même si le compostage ne représente qu’une des actions environnementales permettant d’obtenir ces labels, le lycée possède 2 labels : le label Écocert « En Cuisine » et le label E3D, niveau 2 (sur 3).

Interview Yves-Emmanuel Bourgue, Responsable Entretien et Maintenance

Quel a été votre rôle dans ce projet ?
Un rôle de facilitateur ! Les équipes étaient motivées, mais se sont heurtées à des problématiques techniques qu’il a fallu résoudre.


Lesquelles ? Donnez nous un petit florilège des adaptations ou solutions trouvées !
Le premier maillon de la chaîne se trouve en salle de restauration avec la table de tri ; il a fallu l’adapter pour faciliter le travail des agent·es qui portent les seaux. Des seaux de 30 litres (lavables en machine) sont utilisés et amenés au pavillon de compostage en chariot. Par ailleurs, pour limiter les coulures sous la table de tri, les seaux ont été surélevés et des petits joints ont été conçus et assemblés grâce à l’imprimante 3D du lycée.

L’humidité du compost est un facteur important dans le processus de compostage, notamment dans le cas de grosses quantités. J’ai donc installé un arrosage semi-automatique avec des douchettes au-dessus des bacs.
Et le clou du site de compostage du lycée : une cribleuse rotative construite à partir d’une bétonnière, de grillage à poule et d’un cerclage recyclé d’un fauteuil roulant ! (cf. photo)

Conclusion : la clé de ce genre d’initiatives est le facteur humain. Si la volonté et les moyens humains sont présents, alors le reste ne représente que des problématiques assez simples à régler.

Interview de Emmanuelle PERRIER-MAXANT, chargée de mission Prévention Déchets, communauté de communes du Pays de Lunel

Parlez nous un peu de l’accompagnement du lycée du point de vue de la communauté de communes ?
Les choses se sont mises en place très progressivement. Il existait sur site des composteurs où étaient compostés seulement les restes de préparations de repas et la dynamique s’essoufflait.

Et puis, peu à peu, les planètes se sont alignées : l’embauche d’un guide-composteur à la communautés de communes, la possibilité de financer le matériel (Ademe-Région), la présence d’un fabricant de pavillons de compostage local et la volonté de l’établissement de s’engager dans la démarche. Aujourd’hui, le lycée est autonome côté compostage et nous continuons de proposer régulièrement des sensibilisations au gaspillage alimentaire. Il reste la matière sèche à sécuriser, nous continuons de leur fournir.

La communauté de communes va-t-elle généraliser le compostage autonome en établissement aux autres établissements scolaires ?
Tout à fait, nous avons, en quelques mois, accompagné 10 écoles primaires et maternelles (sur une trentaine sur notre territoire) à installer le compostage in situ. Cela se passe bien et a un effet boule de neige sur les autres.