ETUDE ADEME 2023 : Évaluation des différents systèmes de traitement de proximité des biodéchets

11/07/2023 | Ademe Compost Compostage domestique Matière organique Point de vue Réglementation
EtudePuisque la loi AGEC impose la généralisation du tri à la source des biodéchets au 31 décembre 2023, l'ADEME a publié en juin dernier une étude comparative des différents systèmes (disponibles sur le marché) de gestion de proximité des biodéchets afin de mieux comprendre leur procédés et la valeur agronomique des matières produites.

Retour sur cette étude comparant un composteur en bac, un composteur rotatif, un lombricomposteur, deux « digesteurs », un déshydrateur et un bokashi, et ses résultats.

Contexte et objectif


La réglementation française (loi de février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire - article 88) impose le tri à la source des biodéchet « à tous les producteurs ou détenteurs de biodéchets, y compris aux collectivités territoriales dans le cadre du service public de gestion des déchets, et aux établissements privés et publics qui génèrent des biodéchets. » Quel que soit le producteur (publics ou privés), les biodéchets ne devront donc plus finir dans les ordures ménagères.

Dans cette perspective, plusieurs solutions de gestion des biodéchets existent pour une valorisation de proximité. Certaines sont des alternatives au compostage “classique” (en bac) mais jusqu’à présent peu d’évaluations scientifiques ne mettaient au jour la qualité agronomique et sanitaire des produits issus de ces procédés ! Or les déchets de cuisine et de table et les denrées alimentaires sont concernés par la réglementation sanitaire sur les sous-produits animaux.

L’objectif de cette étude comparative est donc “d’éclairer les organismes privés et publics sur les différents systèmes de traitement in situ des biodéchets”. Non pas sur les capacités de traitement (quantité) mais sur les fonctionnements même et la qualité des produits obtenus. Les critères relatifs aux procédés concernent la facilité d’utilisation ou l’encombrement; quant aux produits finis, ils sont d’ordre agronomiques.

Chaque solution y est décrite et caractérisée, enrichie de préconisations sur la dénomination même, ainsi que sur l’usage du produit sortant.


6 processus étudiés


Cette étude compare les 6 systèmes de traitement de proximité des biodéchets qui sont actuellement disponibles sur le marché :
  le compostage en bac,
  le compostage rotatif,
  le lombricompostage,
  le bokashi,
  le « digesteur »,
  le déshydrateur
et leurs produits respectifs.


Schéma



L’étude a consisté à démarrer l’utilisation de ces 6 processus avec des déchets de cuisine et de table issus d'une collecte en porte à porte des ménages et assimilés équilibrés (ou non selon les préconisations des fournisseurs) avec des co-substrats de type :
  broyat de déchets d'espaces verts pour le compostage en bac,
  granulés de bois pour le compostage rotatif et le lombricompostage,
  son de céréales pour le bokashi et le digesteur (avec test supplémentaire sur l’impact des microorganismes inoculées ou non dans le son)
  aucun cosubstrat pour le déshydrateur.

Durant les processus de transformation de la matière organique (du traitement jusqu’à la maturation avant épandage au sol), différents paramètres physico-chimiques ont été suivis à 1 jour, 14 jours et 45 jours pour tous les procédés, jusqu'à 120 jours pour le lombricompostage et jusqu’à 270 jours pour le compostage en bac.

On retrouve ainsi dans cette étude et au regard des aspects réglementaires :
  Un tableau de caractérisations agronomiques analysées par un laboratoire sous-traitant habilité COFRAC (page 9 de la synthèse)
  Un tableau comparatif de la composition des produits obtenus après traitement (page 13 de la synthèse) ainsi que des éléments relatifs à la microbiologie
  Des tests de maturité effectués sur les produits finaux obtenus (test cresson et respiration microbienne page 16 de la synthèse) ainsi que des préconisations concernant le retour au sol de chacun des produits (page 9 de la synthèse).

“Les résultats montrent que l'ensemble des procédés génère très peu de nuisances lorsque les règles d'utilisation des procédés et d'épandage des produits sont respectées. Ces nuisances sont limitées à des coulures, quelques odeurs ou la présence éventuelle de moucherons.

Les qualités agronomiques des produits finaux diffèrent selon les procédés. Elles sont liées à la température et la durée de chaque procédé, à la nature et à la quantité des cosubstrat apportés. Pour les digesteurs et le bokashi, les résultats respectifs de chaque procédé restent comparables lors des répétitions des essais, que le cosubstrat soit inoculé ou non avec des microorganismes. [...]

Attention : l’épandage ou l’enfouissement de DCT bruts ou de produits issus des procédés du lombricompostage, du bokashi ou des traitements thermiques (digesteur et déshydrateur) ne sont actuellement pas autorisés par la réglementation s’ils sont traités hors d’un foyer qui les a produit. Ce type de gestion des biodéchets est strictement limité aux particuliers pour usage domestique.








Conclusion


“Les procédés de traitement de proximité facilitent la gestion des biodéchets avec très peu de nuisances.
Les traitements de type compostage, compostage rotatif et lombricompostage permettent la production de produits avec une matière organique mature utilisable comme du compost.
Les procédés de traitements thermiques produisent une matière organique peu mature mais stabilisée par la déshydratation.
Le traitement Bokashi permet de conserver les DCT sans nuisances olfactives.

Seul le compostage en bac (et l'électro-compostage avec maturation) répond aujourd'hui aux règles du compostage de proximité (Arrêté du 9 avril 2018).”


Ressources


Se rendre sur le site dédié de l’ADEME

Télécharger l’étude complète : version PDF (54 pages)

Télécharger la synthèse : version PDF (24 pages)

Télécharger l’étude technico-économique des composteurs électromécaniques : en version PDF (59 pages)