Présentation de l'outil pédagogique "Plante ton slip".

01/12/2022 | Communication Matière organique Sol

Cet article, rédigé par Franck Jacopin et Florian Migault, est consacré à l’opération « plante ton slip » portée par l’ADEME. Cet outil permet de prendre conscience de la qualité biologique du sol. Dans un deuxième temps, les auteurs conseillent des pistes pour approfondir et mener des actions.



Voici donc le sommaire qui vous est proposé :

Introduction
1 - Présentation de l’opération plante ton slip
2 - Des ressources pour aller plus loin dans la biologie du sol
3 - Des chiffres clés
4 - Des personnes ressources à solliciter pour approfondir le sujet

Introduction : Pourquoi le Sol ? Car le sol est à l’origine de la vie !

C’est Marc-André Sélosse (scientifique, biologiste, spécialiste du sol) qui le titre dans son dernier ouvrage. Le sol est le lien avec nos cœurs de métier. Il est intéressant de découvrir celui-ci pour en faire un sujet d’étude.
Notre objectif est de donner des pistes pour mieux observer le sol et reconnaître un sol vivant ! Loin d’être exhaustif, l’objectif est de donner des éléments pour vous aider dans vos démarches de sensibilisation.

Nous avons choisi de faire un zoom sur l’opération plante ton slip pilotée par l’ADEME.


1 – Opération plante ton slip : l’expérience du CPIE de Gâtine poitevine



L’objectif de cette opération est de confirmer ou non la bonne santé biologique de son sol. En effet, certains sols ne sont pas forcément considérés comme en danger, mais peuvent être jugés « moins vivants », du fait de certaines pratiques (tassement, labourage intensif, appauvrissement en matière organique…) et d’une utilisation intensive de la chimie. Ce type d’expériences permet de prendre conscience du fonctionnement de cet écosystème « magique » qu’est le sol, dans la perspective de le protéger voire de l’améliorer grâce à un certain nombre de méthodes dont celle consistant à utiliser tous les paillages possibles allant du vert au marron et du marron au vert (pour n’en citer qu’une, probablement la plus importante…).
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L’opération Plante ton slip a été présentée aux rencontres 2022 du RCCNA à Agen. Voici un retour d’expérience présenté par Florian Migault, Jardinier – médiateur, gestionnaire d’un jardin pédagogique et maître composteur.

Brun de Causette : Florian Migault pourquoi cette opération ? 
Florian Migault : Il s’agissait surtout de mettre en lumière cette vie du sol qui nous est pour la plupart complètement étrangère car justement elle la fuit, cette lumière ! Sans entrer dans la composition précise des décomposeurs présents, utiliser le même protocole dans différentes zones du jardin nous permet en peu de temps (à peine 2 mois) de pouvoir comparer le niveau d’activité biologique de différents endroits. Comprendre un peu mieux comment la vie du sol (bactéries, champignon, animaux et végétaux) est capable de transformer la matière.

Quelles ont les critères de choix des terrains ?
Je voulais 4 endroits très différents de par leur utilisation par le public, leur histoire et leur situation dans le CPIE (je n’avais que l’embarras du choix car le jardin et la zone de verger font un total de 2 ha !). Le premier, car incontournable, a été planté dans un coin du potager, une zone enrichie de fumier de temps en temps, qui accueille des cultures depuis l’origine du jardin (1992) et qui reste paillée en continu. Le second a été planté dans un coin ensoleillé du verger qui accueille aussi quelques moutons depuis 4 ans. La terre y est plus argileuse et c’est une zone qui a été créée à partir d’une prairie en 2011. Le troisième a été planté au cœur du jardin des sens, près de l’église, dans une pelouse qui a accueilli il y a bien longtemps (50 ans ? 100 ans ? je ne sais pas…) le cimetière ! C’est un endroit en dessous d’un grand frêne qui apporte chaque année son lot de matière organique ! Enfin, le dernier slip a été planté devant un de nos bâtiment d’hébergement rénové en 2010 dont la zone a été engazonné mais reste très caillouteuse.

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Quelles sont les différentes étapes à prendre en compte ?
Bien marquer l’emplacement des slips, prendre des slips blancs en coton (bio si possible, et si possible usagés pour ne pas acheter des slips uniquement pour ça… ; prendre des photos de la plantation et de l’état des slips à la sortie. J’ai attendu moins de 2 mois, je pense que l’on pourrait pousser à 2,5 mois ou 3 mois pour un résultat plus spectaculaire, même si mon objectif a été tout de même rempli dans le sens où 2 slips ne s’étaient pas du tout dégradés, un qui commençait à être bien « mité » et l’autre vraiment attaqué !

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Cette opération a été lancé pour une occasion particulière ?
J’ai intégré la plantation des slips à ma journée d’animation pour le grand public « Jardiner sur sol vivant » que j’organise chaque année en mars. Je les ai ensuite sortis de terre le 18 mai, veille de nos rencontres régionales du RCCNA à Agen où je souhaitais les exposer et présenter l’opération.

Pouvons-nous revenir sur les résultats selon les sols ?
Avec un certain soulagement je peux conclure que le sol qui travaille le plus dans le Jardin des Sens de Coutières est celui du potager ! Evidemment, c’est le plus bichonné, amendé, enrichi etc. En seconde position un sol qui n’a pas été travaillé depuis bien longtemps mais qui se trouve sous un très gros frêne et reçoit donc chaque année une grosse quantité de matière organique : l’ancien cimetière de la commune. Viennent ensuite ex-aequo celui du verger et celui des hébergements. Celui du verger m’a un peu surpris dans la mesure où il me semblait que c’était une ancienne prairie avant de devenir un verger en 2011 (avec brebis depuis 2018). Je m’attendais donc à une activité biologique assez marquée (les sols de prairies sont en général très vivants), malgré le fait que ce ne soit plus du tout géré comme une prairie depuis plus de 10 ans. Je ne connais pas toute l’histoire en détail mais il est possible que certains endroits aient été remblayés (la terre de l’endroit où j’ai planté le slip était très argileuse et pas forcément très représentative de ce que l’on trouve autour). Celui des hébergements a été planté dans un terrain très pierreux, de remblais sur une zone qui a dû être en gravier jusqu’à il y a au moins 40 ans : vie du sol proche de 0 !

Qu’allez-vous mettre en place à la suite de ce test ?
J’ai conservé un échantillon de terre de chacun des endroits de plantation, je voulais mettre en parallèle les résultats de ce test avec d’autres tests tels que le boudin, le bocal…

--> Pour poursuivre la découverte d’expériences permettant de mieux connaître son sol vous pouvez aller voir du côté des « clés du sol » de Blaise Leclerc chez Terre Vivante.

2 – Des ressources pour aller plus loin dans la biologie du sol



En complément de l’opération Plante ton slip voici quelques pistes sur le sol :

  Pour mieux connaître les vers de terre : Le test de la moutarde.
Vous pourrez comparer la qualité de votre sol par le poids de vers à l’hectare.
A vous d’essayer maintenant !
Pour en savoir plus :
https://ecobiosoil.univ-rennes1.fr/page/protocole-participatif-moutarde

  Pour aller plus loin sur la connaissance des vers de terre, je vous conseille un cahier produit par la fédération des CPN : En quête des invisibles du sol p37 à P51 dédié au vers de terre. Ce cahier explore le monde des vers de terre, leur anatomie, leurs rôles et fonctions et explique comment réaliser le protocole de la moutarde et même un lombricomposteur ! https://www.arb-idf.fr/nos-travaux/publications/en-quete-des-invisibles-du-sol-2018/

  Une autre piste pour approfondir sur l’observation et la connaissance des petites bêtes : La vie cachée des sols . Ce livret édité par l’ADEME et réalisé dans le programme SOL / GESSOL. Cahier plutôt technique et très bien illustré, il permet d’avoir les éléments pour connaître l’état général des sols et notamment la biodiversité des sols, il donne une clé de détermination pour observer la biodiversité dans un jardin. https://librairie.ademe.fr/produire-autrement/3564-vie-cachee-des-sols-la-9782111280359.html

Et l’ensemble du cahier des CPN sur le sol ! Il permet d’avoir un ensemble d’activités destinées aux jeunes publics. Pour observer le monde du sol et du sous-sol. Ce livret revient sur le protocole de la moutarde, explique comment réaliser un aspi kit, comment piéger les petites bêtes dans son jardin dans une bouteille coupée en deux, comment utiliser le dispositif d’Antonio Berlese pour attirer les bestioles, comment utiliser une clé de détermination… Tous ces outils n’auront plus de secret pour vous ! En complément de l’opération « Plante ton slip », vous aurez une étude exhaustive de la vie de votre sol. https://www.arb-idf.fr/nos-travaux/publications/en-quete-des-invisibles-du-sol-2018/

  Le kit le sol m’a dit : A découvrir, ce kit reprend rassemble des activités déjà évoquées pour faire un projet scolaire complet (FRENE/FRAPNA)
https://frene.org/biodiversite/node-7285/

3 - Des chiffres clés



  « Dans l’empreinte d’un pas laissée par un marcheur sur un sol forestier, il y autant d’animaux et animalcules que d’habitants en Suisse. ». L’écologie illustré éd 1996

  300 à 500 ans c’est le temps nécessaire pour former 1cm de sol.

1/3 de la biomasse de la plante est sous terre. Quand le sol est riche et ne nécessite pas tant de racines on est en dessous de cette valeur ; quand il est pauvre au contraire, la plante compense en sur investissant dans son système racinaire (l’origine du Monde, Marc-André Sélosse)


4 – Des personnes et des ouvrages ressources



L’Association Française pour l'Etude des Sols (https://www.afes.fr/) 

Elle rassemble toutes les personnes intéressées par les différents aspects de l’étude des sols : chercheurs, enseignants, étudiants, techniciens, agriculteurs et tout acteur de la société civile qui par ses activités est en lien avec l’étude des sols. Créée en 1934, l’association compte actuellement plusieurs centaines de membres.

Un partenaire intéressant, pas très loin de l'Ariège, la SCIC Rhizobiome (https://www.rhizobiome.coop/)

Cette coopérative propose (entre autre) des formations : à destination d’usagers du sol (agriculteurs, forestiers, maraichers,...), de techniciens qui accompagnent des groupes d’usagers du sol et de toute personne intéressée par les sciences du sol.
https://www.youtube.com/watch?v=3rGRgEivXy4

Denis Pépin
Conférencier, formateur, journaliste auteur Jardin et potager biologique et écologique, Compostage, paillage, sol vivant, biodiversité et auxiliaires dans le 35


Benoit Le Baube de la ferme de Cagnole,
Voir le film sur Ferme de Cagnolle : maraîchage bio & vente de légumes en Dordogne donne des pistes sur l’évolution du maraichage en sol vivant.
https://fermedecagnolle.fr/

Gilles Domenech
Auteur du livre « Jardiner sur un sol vivant » chez Larousse et qui fait partie du mouvement de maraîchage et jardinage sur sol vivant.

Marc Dufumier
Auteur de L’agroécologie peut sauver le monde
En quelques lignes il démontre comment cultiver pour nourrir permet de consommer le surplus de CO2 , responsable du réchauffement… 

Blaise Leclerc
Il réalise des conférences. Il est intervenu aux dernières rencontres du RCCNA à Agen au mois de mai. Il est avant tout un jardinier plein de ressources et de conseils sur les thèmes du jardin, de la protection du jardin et du sol ! Son ouvrage : les clés du sol aux éditions Terre Vivante est un guide et un outil très pratique pour mieux appréhender son sol.

Ver de terre production  (https://www.verdeterreprod.fr/)

QUBS  (https://www.qubs.fr/)
Nouveau protocole de sciences participatives